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Au-delà du regard

L'exposition s'inscrit dans le cadre de la 5e édition de Traversées Africaines, un parcours de 24 expositions à découvrir dans les galeries, centres d'art et musées à Paris et en Île-de-France.

 

À travers cette exposition à deux voix, Au-delà du Regard nous plonge dans une exploration profonde de l’identité, de la mémoire collective et de la résilience face aux réalités sociales du continent africain. Moses Mous, artiste camerounais, et Sisqo Ndombe, peintre congolais, se rencontrent dans un dialogue pictural puissant, porté par la force des regards et des visages qu’ils donnent à voir. Mais au-delà de cette présence visuelle intense, c’est la question de la cicatrice — physique, psychique, historique — qui devient le fil conducteur de leurs œuvres.

 

Chez Sisqo Ndombe, alias Lenoir, le regard devient un langage silencieux, une passerelle entre le vécu intime et les enjeux collectifs. Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, il développe une peinture expressive, travaillée directement au doigt, où les craquelures sur les visages révèlent des fissures profondes — métaphores d’une douleur enfouie, partagée, souvent indicible. Ces striures ne sont pas là pour orner, mais pour témoigner : elles incarnent la souffrance de communautés oubliées, les désillusions politiques, l’abandon d’un peuple par ses dirigeants. Les visages fragmentés qu’il peint deviennent alors les archives sensibles d’une génération confrontée à l’angoisse, mais animée par un désir d’avenir.

 

Face à cette expressivité poignante, Moses Mous répond avec une peinture tout aussi engagée, mais traversée par un souffle d’espérance. Originaire de Maroua, dans une région du Cameroun durement frappée par les violences de Boko Haram, il développe une technique singulière : le sgraffito, qui consiste à scarifier la toile au rasoir. Cette scarification, détournée de son usage traditionnel ou symbolique, devient un geste de sublimation. Là où la lame pourrait blesser, elle éclaire : elle révèle les contours, fait émerger les figures, libère la lumière sous la surface. Chez lui, la cicatrice n’est pas seulement une trace de douleur — elle est aussi une preuve de survie, un acte de création.

 

Ainsi, chacun à sa manière, les deux artistes donnent forme à la mémoire des blessures africaines, tout en affirmant la capacité du corps et de l’âme à se relever, se reconstruire, se redéfinir. L’un travaille la matière avec ses doigts pour en faire jaillir les failles d’un monde désabusé ; l’autre entaille la surface pour révéler la beauté cachée dans les épreuves.

En réunissant ces deux écritures plastiques, Au-delà du Regard nous invite à dépasser les apparences, à interroger les cicatrices visibles et invisibles qui façonnent nos identités. C’est une exposition profondément habitée, entre colère muette et foi inébranlable, où l’art devient espace de dialogue, de mémoire et de transformation intérieure.

SISQO NDOMBE

Sisqo Ndombe Akisieful, également connu sous le nom de Lenoir, est un artiste peintre congolais né en 1985 à Kikwit, dans la province du Kwilu, en République Démocratique du Congo. Très tôt, il évolue dans un environnement propice à la création artistique et développe une passion pour le dessin. Cette passion le conduit à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, où il se forme aux arts plastiques et obtient son diplôme de graduat en 2008, après plusieurs années d’études rigoureuses.

Aujourd’hui, Sisqo Ndombe se consacre entièrement à la peinture. Son oeuvre, résolument expressive, avec une palette artistique pleine d’émotions allant de la résignation à la colère, se distingue par une profonde attention portée au regard — celui des personnages qu’il peint, mais aussi celui du spectateur. Chez lui, le regard n’est pas un simple détail esthétique : il devient un langage, une passerelle entre l’intime et le social. Chaque tableau qu’il réalise capte l’attention, interroge, interpelle.

Il a su s’imposer sur la scène artistique, tant au niveau national qu’international, grâce à son style singulier. En effet, Lenoir peint avec les doigts pour obtenir les craquelures caractéristiques sur les visages de ses personnages. Ces fissures traduisent une douleur sourde, une souffrance collective difficile à verbaliser, mais omniprésente dans le quotidien des Africains. Son art est à la fois miroir et réceptacle des réalités sociales africaines. Il reflète l’angoisse d’une jeunesse confrontée à l’incertitude, aux inégalités, aux désillusions politiques, à l’absence de perspectives — mais aussi son espoir inébranlable d’un avenir meilleur.

Sisqo Ndombe conçoit l’art contemporain comme un espace de réflexion et d’engagement. Il ne cherche pas à apporter des réponses faciles, mais à susciter le débat. Pour lui, l’artiste a un rôle à jouer dans les discussions politiques et sociales : « Les Africains ont besoin de changement. Mais tout ce que nous recevons, ce sont des promesses vides. Mon travail est un cri d’espoir, une invitation à transcender nos divisions et à œuvrer ensemble pour un avenir plus juste. »

Ainsi, chaque toile devient une scène de dialogue, où se croisent les regards de l’artiste, du spectateur et du sujet. Sisqo ne peint pas seulement des visages : il peint des histoires, des blessures, des résistances. Son œuvre se lit comme un témoignage, une mise en lumière de réalités trop souvent ignorées, mais aussi comme une lueur de résilience — car dans chaque fissure, il entrevoit une possibilité de renouveau.

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MOSES MOUS

Moses Mous de son vrai nom Moussa Issarou, est né en 1995 à Maroua à l’extrême nord du Cameroun. Il est le dernier d’une fratrie de 12 enfants et grandit dans un environnement créatif. Lorsque son père découvre son don, il lui promet d’encourager son talent artistique ; cette étape de sa vie sera déterminante dans son parcours.

 

Il se forme dans un premier temps au dessin, à la sérigraphie et la calligraphie. Il poursuit son enseignement en Lettres Modernes Françaises et en Arts Plastiques, accomplissant la promesse paternelle. Il s’associe à de nombreux évènements et collabore avec plusieurs artistes tout en poussant sa recherche artistique. Il acquiert ainsi une légitimité qui lui permet d’exposer à l’international.

 

Le travail de Mous s’oriente vers une vision humaniste et optimiste. Il cherche à présenter au monde le quotidien de la jeunesse camerounaise mais aussi la puissance de son peuple et la résilience dont il fait preuve malgré toutes les difficultés qu’il traverse. La ville de Maroua fait en effet partie des régions où le groupe terroriste Boko Haram a perpétré de nombreuses exactions et où le traumatisme est encore perceptible. L’intention de Moses Mous est de montrer la beauté et la dignité du peuple africain ainsi que l’espoir dont il fait preuve. Il souhaite ainsi déconstruire les stéréotypes sur le Cameroun.

L’une des particularités du travail de Mous est l’emploi du sgraffito ». Le terme sgraffito vient de l'italien «sgraffiare», qui signifie griffer. Moses Mous, avec une lame de rasoir griffe la peinture sur la toile pour donner forme à ses personnages. Cette technique renvoi à deux analogies : la scarification de la toile comme un symbole des épreuves vécues par le peuple africain mais aussi une technique pour transformer la douleur en espoir, comme un symbole de résilience. L’emploi des couleurs chaudes apporte dynamisme et équilibre afin de refléter l’harmonie qu’il perçoit dans le chaos. La peinture de Moses Mous est un message de détermination et d’espoir face à l’adversité. A travers son art il tente d’insuffler à ses contemporains la force de persévérer et de croire à un avenir meilleur.

 

Parmi ses expositions, on peut citer notamment son concours à la Rentrée Culturelle de 2020 et sa participation au Colloque International d'Art Visuel « Arts et émergence en Afrique ». En 2021, témoignage de son talent, il est lauréat « Concours Jeunes Espoirs » de Doual’Art,. La même année son travail est présenté dans l'exposition « VISION » organisée à la Délégation Régionale des Arts et de la Culture de l'Extrême-Nord (Cameroun). Après une collaboration avec TAAG Galerie aux Etats-Unis en 2022, la galerie Janet Rady Fine Art l’expose à la London Art Fair en janvier 2023. Les convictions de Moses Mous sont mises en avant au Siège des Nations Unies à Genève lors de l’exposition « The Art of Equality : A Journey to Justice » en octobre 2023. L’exposition « Green Planet » avec Harry Mensah à l’Espace Bolo de Douala en 2024 consolide davantage sa présence sur la scène artistique et montre ses engagements. Il a dernièrement exposé à la MAC.A Foundation Gallery, à Asilah au Maroc en 2024.

MOSES MOUS

Au-delà du regard

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MOSES MOUS

Rêver malgré tout, 2025

Signée, titrée

Acrylique, Posca et sgraffito sur toile 

100 x 100 cm

Pièce unique

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SISQO NDOMBE

Fear can wait, 2025

Signée, titrée

Acrylique sur toile 

95 x 95 cm

Pièce unique

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© 2024 Hoop Galerie

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