YAOFRANCK
Yaofranck, de son vrai nom Yao Franck Kouassi Salomon, est un artiste peintre et performeur ivoirien né en 1999 à Yabayo, au cœur de la région du Bas-Sassandra. Formé au Lycée d’Enseignement Artistique puis à l’École Nationale des Beaux-Arts d’Abidjan (ENBA), il y obtient une licence en art mural, suivie d’un master 1 en peinture. Il poursuit actuellement ses recherches plastiques et théoriques au sein du Master Art Contemporain et Sciences Humaines à l’Université Paris 8 à Saint-Denis.
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Depuis son plus jeune âge, Yaofranck entretient un lien vital avec la création. Orphelin de père dès l’âge de deux ans et élevé par sa mère, directrice d’école maternelle, il se réfugie très tôt dans le dessin, qu’il décrit comme un espace de consolation et de renaissance. Ce rapport à l’art, viscéral et réparateur, s’affirme avec le temps pour devenir une vocation engagée.
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Nourri par les tensions sociopolitiques de son pays (guerres de 2002 et 2010, conflits interethniques), Yaofranck fait du vécu une matière artistique. Il s’inscrit pleinement dans le mouvement du Braid’art, une tendance née dans les ateliers des Beaux-Arts d’Abidjan qui revendique un art “mélangé”, “indiscipliné”, en rupture avec les standards académiques ou les canons esthétiques occidentaux. Initialement péjoratif (le terme “braid” signifiant “laid” ou “désordonné” dans l’argot local), ce mot est aujourd’hui revendiqué avec fierté, comme une esthétique de la fusion, du métissage et de l’identité assumée. Pour Yaofranck, le Braid’art est une réappropriation culturelle et formelle, une forme picturale de négritude contemporaine.
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Sa démarche artistique, à la croisée de l’art mural, de la peinture, du vitrail, de la mosaïque et de la tapisserie, est profondément hybride. Yaofranck travaille sur de grands formats – murs, tôles, contreplaqué, toiles – avec une prédilection pour les matériaux bruts ou recyclés. Il combine bombes de peinture, acrylique, pinceaux, compresseurs et éponges pour créer des textures vibrantes et des compositions où le geste est aussi important que le motif.
Son œuvre explore le rapport entre l’homme et le sacré à travers le masque – en particulier le masque Gla du peuple Bété – symbole de paix et de spiritualité. En fusionnant ce masque aux traits humains, Yaofranck élève l’homme à une dimension supérieure, où l’esprit prime sur la chair. Il y intègre également des éléments essentiels de la culture ivoirienne tels que le raphia ou les ovoïdes (fruits utilisés en collier), porteurs de mémoire et de lien ancestral.
Dans ses toiles, chaque maille de filet ou trace de bombe devient un fragment de narration, une tentative de “guérison” symbolique de notre monde fragmenté. L’artiste interroge la notion de beauté fonctionnelle : pour lui, “le beau” réside dans le lien, l’entraide, l’humanité partagée – bien plus que dans la seule apparence.
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Inspiré par des figures comme Banksy ou Basquiat, Yaofranck revendique un art libre, en tension entre figuration et abstraction, entre tradition et contemporanéité. En filigrane de son œuvre, une question fondamentale traverse chaque toile : comment faire surgir du chaos une harmonie ? Comment redonner sens, dignité et beauté à ce qui a été abîmé ?
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Aujourd’hui installé à Paris, Yaofranck est une voix émergente de la scène africaine contemporaine, dont le travail plastique, sensible et politique, trace les contours d’un art de la réparation.

LES ŒUVRES DISPONIBLES

YAO FRANCK
Soleil au zénith, 2025
Signée, titrée
Technique mixte sur toile
70 x 51 cm
Pièce unique
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